Revanche au Chopicalqui
Après notre mission à l'Ausangate, quelques jours de transition nous on été nécessaires pour nous remettre dans le grand bain des montagnes. D'abord pas moins de 36 heures de bus en deux jours, pour rejoindre Lima, puis Huaraz. Nous décidons de passer deux jours à Hatun Machay, le site de grimpe où Corentin et Arthur s'étaient fait incendier au mois de mai !( voir articles précédents). Cette fois, la situation du site s'est nettement amelioree, les maisonnettes ont retrouve une toiture et il y a un gardien en permanence sur place! Après 1 mois sans toucher de caillou, ca permet de reprendre ses marques en prévision de notre denière destination, le Maroc et ses grandes parois calcaires! Les doigts sont faibles, mais on se fait quand même plaisir sur ce splendide rocher volcanique, surtout que cette fois, il fait beau!
De retour au "bosque de piedras" de Hatun Machay
Anouk dans un 7a plein de trous... Dur dur la reprise!
Après cette petite pause détente (ouais la grimpe c'est pour les flemmards ), il est déjà temps de refaire nos gros sacs, en vue de notre dernière montagne péruvienne pour cette année (eh oui on reviendra), le Chopicalqui, 6354 mètres ! C'est un peu le retour de la vengeance, car vous vous en souvenez peut-être, Arthur et Corentin étaient allés là-bas se prendre un beau but pour cause de trop de neige, avec un demi-tour vers les 6000 mètres ! Cette fois-ci, on ose croire que les conditioms seront meilleures et que la trace sera faite!
Ca commence très fort puisque lorsque le réveil sonne à quatres heures pour prendre le bus, Anouk est à son tour malade comme un chien! Ptetre qu'on aurait pas du essayer la viande du marché... Finalement elle ne se sent pas assez mal pour renoncer, et c'est déjà avec un peu de fatigue que nous partons pour les quatre heures de trajet jusqu'au virage Chopicalqui, après un petit passage obligé le long des lacs Llanganuco en compagnie des autres touristos!
La longue moraine d'approche
Cette fois-ci, Corentin connaît le chemin, et nous remonterons du bon côté cette foutue moraine jusqu'au premier camp, située en haut de celle-ci à presque 5000 mètres! Bref ! Cette fois-ci, pas de pluie, ni de brouillard, nous verrons même le sommet durant toute l'après-midi! Le pique-nique n'a jamais été aussi bon, on a fini par comprendre que lorsque l'on passe son temps en montagne, le moral du ventre est le moral tout court! Et pour finir, il y a foule au camp moraine, pas moins de 8 tentes, rien à voir avec l'ambiance sordide de la fois dernière!
Le sommet vu du camp moraine
La montee au camp avance, un glacier bien chaotique
Heureusement, cette fois on a la trace!
On est ridicules, hein?
Aprés une bonne nuit 18h-6h, nous partons rapidement en direction du prochain camp, situé à 5600 mètres, sur le glacier. Un départ assez matinal, car nous craignons le soleil surpuissant à cette altitude, et anticipons la fatigue de monter le camp dans la neige. Cette fois-ci néammoins, la trace a tout d'une autoroute, et nous sommes surement mieux acclimatés, seulement une semaine après l'Ausangate, nous arrivons assez frais au camp haut. Nous passerons une bonne partie de l'après-midi à creuser notre trou pour poser la tente, et à faire fondre de la neige, le tout sous un soleil écrasant! Après un bon plat de nouilles, nous revoilà couchés avant 18 heures, le réveil réglé à 1h30 cette fois-ci !
1h30 le réveil sonne. Nous entendons des bruits de pas dehors. En effet, comme nous avions fait un camp avancé plus haut que les autres cordées, celles-ci passent a coté de notre tente pour monter vers le sommet. Corentin ouvre donc la tente et dit bonjour à cette première cordée depuis son duvet. On se réveille doucement lorsqu'une deuxième cordée passe, cette fois ça y'est, le Coco est réveillé: "thé, café, empanadas?" demande-t-il aux passants. Bon en voilà un qui est en forme, pour les blagues au moins!
Après un petit déjeuné avoiné (le dernier bol d'avoine du sejour et avant un bon bout de temps!), nous partons donc en 3eme position pour le sommet. L'itinéraire est varié et on ne s'ennuie pas. Slalom entre crevasses, petit ressaut raide en neige "couic", plat montant pour récupérer... et on recommence! Nous avançons ainsi doucement mais sûrement. Il est déjà 4h30 du matin, heure la plus froide et cela se fait sentir! Les mains et surtout les pieds sont gelés. À chaque enjambée j'essaye de bouger mes orteils pour y faire parvenir un peu de sang mais en vain. Nous continuons donc d'avancer tant bien que mal avec une seule idée en tête: que le jour se lève! Et il se fera attendre. À 6h nous arrivons à 6200m et le jour se lève ENFIN! Malheureusement, avec lui un vent froid et fort!
Entre ombre et lumiere
Nous voilà à la fameuse crevasse dont tout le monde parle! On s'approche doucement... ah oui, en effet, belle bête! Elle n'est pas forcément très large, un peu plus d'un mètre mais est bien profonde d'une quarantaine de mètres et coupe perpendiculairement tout chemin qui pourrait mener au sommet! Deux solutions s'offre à nous : sauter (inenvisageable selon nous, avec le sac sur le dos, les crampons au pieds, en prenant son impulsion dans la neige...des espagnols l'ont soi-disant fait...eh ben, ils ont peur de rien ces espagnols! (Nb: on apprendra que c'était en fait un rumeur, et qu'ils sont bien passé comme tout le monde!)) ou bien emprunter le bloc de neige coincé en travers qui sert de pont. Il est si frêle, si peu épais et le vide semble si froid en dessous... Nous décidons donc de passer un par un, en s'assurant à l'aide d'un estacas (une sorte de sardine de tente géante, pas mal utilisé dans les Andes quand il y a trop de neige et pas assez de glace pour mettre une broche). On est content d'y être tot, pendant que la neige est encore bien dure et avant qu'un troupeau d'éléphants ne passe dessus. Je ne sais combien de temps cela tiendra encore, 1jour, 2, peut être 3... et qui sera celui qui sera surpris de sentir le sol s'effondrer sous ses pieds, la corde se tendre en espérant que son estacas ne tienne?!
La photo classique du sommet...on ne s'en lasse pas!
L'escalade du champignon sommital
Enfin pour nous ça tiendra, et c'est donc avec soulagement que nous gagnerons le sommet par les looooonnnngs 150m de deniv restant, d'autant plus fatiguant quand ils sont situés au dessus de 6000 et que le vent continue de nous fouetter le visage. Le sommet, nous y voilà enfin! Quel bonheur! En plus nous avons le sommet pour nous tous seul car nous sommes les premiers! Nous prenons quelques photos mais nous attardons pas trop. Redescendre pour trouver un endroit a l'abri du vent, voilà la seule chose que l'on a en tête.
Ca caiiiiiiille!
Les deux Huascaran, Anouk, ainsi que mon doigt, a 6354 metres...
La descente se fait sans encombre, contents et soulagés, nous retrouvons petit à petit la chaleur du soleil et nos orteils nous reviennent peu à peu.
Pas grand chose pour cacher la vue!
Nous regagnons la tente, plions le campement et attaquons la longue descente. 2100m de dénivelé négatif dans les pattes plus tard, nous sommes pris en stop par un minibus qui manquera d'écraser 10motards, 6pietons et 3voitures en voulant doubler, un peu optimistement, des camions mais nous ramènera sains et saufs à Huaraz!
