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Aventure epique a l'Ausangate, 6372 m.

Nous partions pour 7 jours autour de l'Ausangate, le plus haut sommet de la region de Cusco, un objectif de choix mais necessitant au moins 2 jours de trek aller , puis encore deux jours retour, tout autour du sommet. Et qui dit donc 7 jours de marche dit 7jours de bouffe et donc des sacs bien bien lourds. Nous étions partis sur l'idée de prendre une mule pour nous aider à porter tout ça jusqu'au camp de base, soit les deux premiers jours. Mais les prix se sont avérés plus chers que prévu car pour gerer les mules, il nous faudrait aussi l'ane qui gere tout ca! Lorsque les groupes prennent une dizaine de mules, ça amortit vite le coup du muletier mais sur une mule... "los burros seramos nosotros!" leur répondra -t-on à chaque nouvelle proposition!

Les mulets au depart, la face nord du chef local au fond

Un troupeau d'alpagas

On fera les mules, très bien et bien allons y! Nous partirons un peu au dessus de Tinqui, et la première étape theorique jusqu'à Upis ne se fait pas sans peine! Nous avons chacun a peine moins que la moitié de notre poids sur le dos! Le dos est douloureux, les jambes sont lourdes... mais qui a eu cette idée bidon que de jouer à la mule?! Je commence à me dire que vouloir faire le trek en 4 jours avec tout le matos d'alpi sur le dos, plus un 6000 au milieu, c'est vraiment avoir les yeux plus grands que le ventre; j'aime bien les enjeux mais la on y est peut être allé un peu fort...

Pourtant après la pause pique-nique à Upis, nous atteignions assez rapidement le col, après lequel il n'y a plus qu'à descendre. La motivation revient et nous recommençons à être optimistes sur notre projet. Au col nous faisons la rencontre d'un péruvien habitant une de ces petites maisons perdues que nous avons rencontré en chemin. Il vient chercher ses bêtes (lamas, plus grands et alpagas, plus petits mais à la laine plus épaisse). Il est impressionné par le poids de nos sacs (enfin, on semble les impressionner, parce qu'au vu des charges et/ou volumes que les mamitas portent sur leur dos à l'aide d'un simple tissu, et cela quel que soit leur âge, ce n'était pas chose facile!). Nous redescendrons tranquillement jusqu'à poser notre premier campement au bord d'un lac et sous un impressionnant glacier. Pendant que nous mangeons, du divertissement est au rendez vous, deux groupes passent non loin de nous pour rejoindre le campement officiel de la seconde etape, situé un peu plus loin. Les guides tracent devant car la nuit est en train de tomber alors que leurs clients fatigués ont perdus leur chemin. On essaye de les aider en leur faisant des signes à la frontale car ceux-ci sont sur la rive opposée du lac.

Une longue route s'annonce

La deuxième journée s'annonce plus tranquille en distance, mais pas des moindre en dénivelé, nous devons passer 2 cols, de 300m et 500m. Cela peut paraître une broutille mais lorsqu'on a 20kg sur le dos et que le second est à 5100m d'altitude, c'est tout de même un peu plus qu'un simple Rachais! Bien évidemment, entre les deux, nous avons le droit au typique Péruvien qui vient s'assoir à côté de nous, nous propose de nous mettre à l'abri pour déjeuner car il commence à neiger, discute très agréablement avec nous pendant un quart d'heure puis soudainement sort un carnet de sa poche et nous dit "ah au fait les gars, vous devez payer!" Typique! Cela sort de nul part, sans qu'aucun panneau ne l'indique, et surtout après qu'il ait fait copain copain pendant 15min! Il s'arrête de neiger, nous attaquons donc notre deuxième col du jour, peinant un peu sur la fin, mais nous serons récompensés par un paysage étonnant à l'arrivée. En face sud, un glacier aux séracs impressionnant, au nord, des montagnes colorées qui s'apparentent à des dunes du désert. Nous sommes entre les deux, les pieds dans la neige.

Nous descendons ensuite dans la vallée pour trouver notre camp de base, celui duquel nous partirons en aller retour sur deux jours pour tenter le sommet. Celui-ci est annoncé à 4800m (un ptit mont blanc quoi) et nous trouvons avec étonnement un grand bâtiment, fermé mais très bien entretenu, qui s'apparente à un hôtel haut standing. Nous trouvons d'abord à côté une cabane de berger ou on se dit qu'on pourra passer la nuit sans monter la tente. Malgré la poussière et la drôle d'ambiance qui y règne, ça sera toujours plus spacieux et à l'abri du vent. ...c'était sans compter que Corentin trouverai une voie d'entrée dans "le lodge le plus haut en altitude", 5 étoiles s'il vous plaît! Nous visitons les lieux avec appréhension, curiosité et excitation. Nous dinerons donc (non pas aux chandelles même si on aurait pu, mais) au chaud, ou presque comparé au vent glacial de dehors. Tout est si vide et pourtant la vie ne semble pas loin, l'eau n'a même pas été coupée! Nous nous installons ensuite dans une jolie chambre aux matelas énormes comparé à nos maigres karimat! L'appréhension commence à retomber, il fait nuit depuis plus d'une heure, personne ne devrait arriver ici en pleine nuit! Nous nous endormons tranquillement (enfin Anouk, parce que Corentin se tordra malheureusement de douleur au ventre toute la nuit) jusqu'à ce que nous soyons réveillé par un bruit de fond de radio grésillant à tue tête.... ah bah si, quelqu'un peut bien arriver ici en pleine nuit! Corentin descend, le bonhomme semble autant terrorisé que nous (il aurait pourtant du se douter notre présence, on avait laissé sorti nos sacs à nos, notre réchaud et nos provisions sur la table. Il ne parle pas plus de 3mots d'espagnol. C'est un homme d'une quarantaine d'années, du coin et qui semble squatter tout autant que nous. D'où vient cet homme étrange, que fait il ici à cette heure tardive, avec sa radio à fond? Nous n'en saurons pas plus. Lorsque nous décidons de remonter nos affaires "de valeur" (corde, baudrier, tente...) la ou nous dormons, il nous suit et nous dit qu'il faudra payer 30soles pour la nuit. À t il une quelconque mission de gestion du lodge? Au vue de son attitude tout de meme des plus étranges, nous partons plutôt sur l'hypothèse qu'il est aussi étranger que nous ici mais que notre apparence de "gringos" blanc) lui a fait espérer qu'il pourrait en tirer profit. Nous remettons la discussion à demain n'arrivant pas à lui faire comprendre qu'on a déjà payé via une agence (excuse trouvée pour ne pas se faire avoir par le premier venu). Nous retrouvons nos lits pour une nuit tourmentée, du ventre pour Corentin, de l'esprit pour Anouk.

Le lac rose aux icebergs bleus, au pied du glacier

Au millieu de tout ca, on se sent tout petit

Au réveil (6h du matin par une radio gresillante à un volume qui réveillerait un sourd...) nous choisissons l'option de la fuite. Une fois les sacs fait en vitesse dans la chambre, on passera rapidement dans la cuisine récupérer notre réchaud et notre nourriture, lui dire qu'on partait continuer notre trek, avec le plus grand naturel possible bien qu'il ne comprenne pas un mot d'espagnol. Ce n'est que lorsque nous ouvrirons la porte qu'il baissera le volume de sa radio, ayant compris qu'on partait et nous repetera sur le seuil de sa porte "pago, pago", visiblement le seul mot d'espagnol qu'il connait (ou veut bien connaître). Après lui avoir dit une nième fois qu'on avait déjà payé pour ne pas l'ignorer complètement, on lui tournera le dos pour aller se réfugier 50m au dessus, derrière une butte, à l'abri des regards. Heureusement nous pouvons compter sur la flemmardise des péruviens, pour qu'il ne nous court pas après, réclamant son "du". Pas des plus facile comme début de journée! Le programme de la journée était de monter au camp avancé, 700m de deniv avec des sacs un peu moins lourds, mais Corentin ne pouvant toujours rien avaler, se sent trop faible d'énergie. D'autant que la nuit suivante à 5500m ne s'annonce pas très reposante, il nous semble plus raisonnable d'utiliser notre journée joker et de reporter ça au lendemain. Et en plus, il pleut.

Autant dire que durant cette journée sous la tente le sommet paraissait bien lointain, mais finalement le lendemain, après plus de 36 heures dans la station couchée, Corentin apparaît avoir récupéré de sa chienlit d'intestins, et nous nous dirigeons un peu plus confiants vers le camp avancé. Après avoir caché le restant de nos provisions pour le retour jusqu'a Tinqui, nous remontons la moraine quand nous

apercevons avec grand étonnement deux silhouettes descendre vers nous! Ainsi donc il y a d'autres êtres vivants qu'un péruvien cinglé et des alpagas dans cette vallée! Ce sont un guide péruvien et son client qui redescendent après deux nuits au camp haut et une tentative infructueuse pour le sommet!

Ils se sont arrêtés vers 6000m, car il y avait trop de neige. "On s'enfonce jusqu'à mi-cuisse" nous dit on. Cet échange ainsi que de savoir que la première moitié de la trace est faite nous rassure mais au contraire cette dernière phrase nous fait bien douter de notre capacité à sortir au sommet.

montee au camp avance

A cette altitude, ils n'ont pas encore installe l'eau courante !

Notre itineraire du camp avance jusqu'au sommet (avec notre talent sur "paint" en prime!)

Faire la trace dans autant de neige, sur 300m au dessus de 6000, on a intérêt à avoir la patate! Mais bon, nous irons voir, on a rien à perdre, une belle balade jusqu'à 6000m ca sera déjà pas mal. Nous continuons donc de monter et posons un camp avancé à 5500m. À cette altitude, même planter la tente parait être un effort physique. Il faut aussi faire fondre de la neige pour pouvoir boire et cuisiner. Et autant vous dire qu'il ne faut pas être pressé, ca prend autant de temps qu'un marathon à un escargot! La suite de la journée se fait une fois de plus sous la tente car il fait froid. Il neige à gros flocons toute l'après midi. Cela va recouvrir les traces de nos collègues et n'améliore pas nos chances pour le sommet... décidément la chance ne nous sourit pas. Il ne nous reste plus qu'a manger et dormir pour être au meilleur de notre forme demain. Maus contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas chose facile...l'altitude coupe l'appétit, et ce n'est pas la pâtée semoule-thon que l'on doit manger ce soir qui va nous le réanimer. Après une nuit assez courte avec un réveil à 1h du matin, Anouk, qui n'a rien pu avaler la veille, se sent pourtant pas si mal et nous décidons de tenter notre chance. L'itinéraire commence par un slalom entre les gigantesques crevasses et séracs du glacier chaotique. La lune est déjà couchée, mais on devine encore les traces de nos camarades de la veille sous la couche de neige fraîche.

On passera par un petit pas en glace (qu'on aurait pu éviter aisément, mais que voulez vous, quand il fait nuit, il est difficile de prendre du recul alors on decide de passer par un endroit, comptant sur notre bonne étoile pour que ca passe, et si non, on fait demi tour et essaye un autre chemin; la en l'occurrence ca passait, en glace mais ca passait), avant d'arriver au couloir qui nous mènera au plateau sommital. Ce couloir de neige dur fait environ 250m de long. Avec deux piolets, il se remonte aisément mais reste physique et il faut progresser doucement pour ne pas se mettre dans le rouge. Nous en sortirons au lever du soleil, arrivant sur le plateau vers 5900m, à partir duquel toutes les traces ont disparu. Nous nous enfonçons moins que ce que nous redoutions mais Corentin s'enfonce quand même bien jusqu'aux genoux, ce qui est déjà bien fatiguant quasi 6000m au dessus de la mer. La remontée de ce plateau est loooooongue et fatigante ! Nous sommes obligés de nous arrêtés souvent, enchaîner plus de 10 pas devient de plus en plus difficile et à chaque pause, le doute s'installe; on a envie d'aller en haut, ca oui, mais nos jambes engourlourdies nous le permettront elle? De plus, il y a 3 "sommets" et plus on avance, plus on doute sur celui qui est le "vrai" sommet et que nous devons donc rejoindre. Aucun des trois trois ne ressemble à la photo du topo! Après une longue traversée en direction du plus éloigné d'entre eux, on réalise que c'est en fait surement celui qui est (etait) juste au dessus de nous. Soulagement !

Pourtant, malgré le beau temps prévu pour ce jour, les nuages nous gagnent comme chacun des jours précédents et le sommet s'efface sans tarder dans le brouillard. Décidément, tout nous incite à faire demi tour; c'est d'ailleurs la décision que nous prenons. Mais lorsque nous reprenons pied sur nos crampons (les pauses assis sur son sac je vous assure que c'est le best), un élan de motivation revient accompagnée d'une légère (je dis bien légère!) éclaircie. On en a quand même pas bavé jusqu'ici pour s'arrêter 100m sous le sommet non mais oh! Feux flamme, nous revoilà reparti vers le haut! Ce sera les 100m les plus longs de notre vie, accompagné de jambes lourdes et de doute. Enfin arriver 10m sous le sommet, le brouillard est toujours aussi dense, nous décidons donc de nous en tenir la, estimant que l'objectif était atteint et que de parcourir 10m de plus pour se retrouver dans une bulle blanche neige/brouillard ne nous apporterait rien de plus (on pourrait être au sommet de la croix de Chamrousse, dans la purée de pois, ca serait pareil!) La descente n'en fut pas plus reposante, et je dirais même tout aussi quadricepsement douloureuse! On arrivera à 15h au camp, après une belle bambée de 12h, bien fatigués mais bien contents aussi de s'être battu jusqu'au bout!

Lorsque nous retournons à la tente, nous avons la flemme de tout et notamment de devoir plier la tente et de la remonter au camp de base, nous dormirons donc encore une nuit au camp avancé en subsistant avec les quelques cacahuètes qui nous restent.

Pas mal la vue depuis la tente !

Le lendemain, nous sentons quand même que nous avons un peu forcés, et après être redescendus du camp et avoir récupéré nos provisions pour la suite, c'est avec un petit rythme que nous poursuivons notre tour de la montagne. Nous poserons le camp avant le dernier col du parcours, le Campa, à 5070 mètres . Et c'est en rêvant de la bière et des hamburgers qui nous atte

ndent à Cusco que nous passerons cette sixième et dernière nuit !

En se levant pour cette journée de lutte finale, il ne nous reste que 400 m de dénivelé, mais un peu plus de 20 km jusqu'a Pacchanta, que nous aimerions plier dans la matinée afin de profiter des sources thermales du coin, et de rentrer pas trop tard à Cusco... Même si les paysages sont toujours aussi beau, les sacs paraissent eux encore plus lourds...C'est long et c'est chiant, c'est long et c'est chiant! Malgré tout, au fur et à mesure que nous nous rapprochons du village tant désiré, nous rencontrons de plus en plus de touristes portant des sacs microscopiques et parfois portés par des chevaux, les salauds! Enfin, après des petages de cables de plus en plus nombreux, c'est sur le coup des 13h que nous pouvons enfin nous prélasser dans les bains thermaux de Pacchanta, avec la vue sur notre sommet... Quel plaisir incroyable de plonger ses jambes courbaturés et ses pieds crasseux dans l'eau chaude, après 7 jours dans le froid!

Le meilleur moment dans la montagne c'est quand même quand on s'arrête!Et ainsi, une petite heure de taxi et trois de bus nous ramènent à Cusco et ses bons petits restos! Victoiiire!


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