De l’utilité de l’aventure
La plupart des personnes qui entendent parler de la Voix des Cimes sont enchantées par le projet et nous apportent leurs soutiens et encouragements de bon cœur. Néanmoins, certains ne comprennent pas l’utilisation du financement participatif pour un projet vu comme privé et personnel, et au seul bénéfice des membres de l’expédition. L’image des étudiants qui cherchent à se faire offrir des vacances au bout du monde nous colle à la peau. Cet édito servira donc à mettre les points sur les i.
Preuve de notre engagement dans une aventure au-delà de simples vacances : la volonté de transmettre. Nous aurions totalement pu organiser notre voyage dans notre coin, réunir nos quelques pécules et partir en toute discrétion, profitant pleinement de ce qui s’apparente le plus à des vacances. Mais non, ce serait beaucoup trop simple et surtout très vide de sens. C’est pourquoi nous avons imaginé tout un système de communication et surtout de rendu post expédition. Alors oui, ce rendu n’est pas, ou très peu, matériel. Un livret de photos et reportages, voire un petit film, seront les seules contreparties concrètes. A noter aussi que le financement participatif n’est pas une fin en soi et ne représente qu’une partie de notre budget (les billets d’avion). Le but n’étant pas non plus de se faire totalement offrir l’aventure par des soutiens extérieurs.
Transmettre est une démarche avant tout immatérielle. La Voix des Cimes sert de terreau à un objectif plus vaste que simplement se faire plaisir en montagne et profiter de notre temps libre de jeunes pas encore actifs. Les liens que nous créons avec les alpinistes du bout du monde sont des ponts tendus entre les cultures et les gens. Ils représentent une facette de cette volonté de transmettre. A travers cette expé, nous voulons aussi être utiles aux jeunes qui, comme nous, sont passionnés de montagnes et d’alpinisme. C’est un moyen de montrer notre reconnaissance d’avoir été bien formés par la Fédération Française des Clubs Alpins de Montagnes (FFCAM) au sein des équipes Jeunes Alpinistes et de leur renvoyer la balle.
Bien plus que de perpétuer la dynamique de la FFCAM, La Voix des Cimes est une invitation à oser, essayer, réussir ou échouer, mais toujours persévérer. C’est cette dimension philosophique qui représente le cœur du projet. Beaucoup se sont interrogés sur le pourquoi de l’alpinisme depuis sa création. Pourquoi gravir tel ou tel amas de roches et de glaces ? Georges Mallory, alpiniste anglais du début du XXe siècle, répondait au sujet de l’Everest : « Parce qu’il est là ».
A titre personnel, l’alpinisme illustre un art de vivre en s’affranchissant d’une certaine idée de la peur. Principale composante de l’instinct de survie, celle-ci doit être un aiguillon qui pousse à agir plutôt qu’à subir. L’alpiniste prendra la mesure du risque dans lequel il s’engage, justement pour ne pas avoir à faire face au danger. Ainsi devrions-nous tous agir à n’importe quelle étape de la vie. C’est d’autant plus important dans des sociétés occidentales frileuses où la peur du danger est omniprésente.
C’est cette vision de l’existence que La Voix des Cimes souhaite, entre autres, partager. Tout le monde peut ne pas être d’accord et toutes les critiques sont acceptées et seront débattues avec plaisir. Cependant, si on reste dans l’idée qu’un projet doit avoir une utilité pour être financé, nous pensons que La Voix des Cimes possède un fort potentiel utile et gagne à être connue !